On pense souvent que la vanlife est réservée à un petit nombre « d’excentriques » ou de « doux rêveurs », quand on ne les qualifie pas péjorativement de « hippies » ou de « fumeurs d’herbe »… Il peut alors sembler que la vanlife soit incompatible avec un emploi salarié à plein temps. J’ai souvent abordé le sujet d’une vanlife intermittente (voir vanlifer du week-end), mais est-ce vraiment la seule possibilité d’expérimenter la vanlife en CDI?
Je vous montre qu’il n’en est rien dans la suite en vous partageant mon expérience de vanlifer à plein temps en CDI à plein temps.
J’ai vécu seul pendant plus d’une année à plein temps dans mon van alors que j’étais employé comme ingénieur développement logiciel, en 1999-2000. Je travaillais alors à Heidelberg en Allemagne, dans une grosse entreprise de conception et fabrication de presses à imprimer, Heidelberger Druckmaschinen. C’est à ce moment que ma passion pour la vanlife s’est déclarée et que j’ai acheté mon premier « van », un camping-car poids lourd Niesmann-Bischoff Clou 670F:
J’ai immédiatement décidé de rentabiliser cet investissement en quittant l’appartement que je louais à Heidelberg, pour habiter exclusivement dans le Clou. Pour cela, il était nécessaire de trouver un emplacement de stationnement permanent, offrant si possible les facilités minimales (eau, électricité, sanitaires…). Cela ne fut pas chose facile à l’époque, car le cas de figure « vanlife » n’existait quasiment pas (ni le mot « vanlife » d’ailleurs). Il existait bien des campings, en bordure du fleuve Neckar notamment (car Heidelberg est une ville très touristique), mais ceux-ci ne fonctionnaient que l’été et étaient fermés l’hiver.
L’emplacement
J’ai finalement réussi à dénicher un type de camping longue-durée particulier, où les allemands installaient en réalité un genre de « résidence secondaire » sous forme de caravane ou petite maisonnette. Celui-ci était situé près du charmant petit village de Neckarsteinach, le village des 4 chateaux en bordure du fleuve Neckar. Voici une vue Google Maps de ce camping, le « camping de la vallée du Neckar »:
Ce camping est situé au coeur d’une vallée encaissée, entouré de forêts et le long d’une petite rivière, le « Steinach ». Le rectangle rouge indique l’emplacement que je louais à l’année pour le Clou. Initialement, je pensais ressortir le Clou le week-end ou pendant mes congés pour voyager avec, mais cela s’est avéré impossible. En effet le chemin d’accès à mon emplacement faisait à 1-2cm près la largeur du Clou (2.50m), le passage était donc trop étroit pour aller et venir. Le Clou a donc stationné là pendant environ une année sans être déplacé (je faisais bien sûr tourner le moteur régulièrement).
Les services
Le confort proposé par ce camping était vraiment rudimentaire: le seul branchement disponible était l’électricité. Pour l’eau, pas de branchement possible sur mon emplacement, je devais remplir mon réservoir périodiquement sur le robinet du voisin. Le camping disposait de sanitaires, mais seulement ouverts l’été. En hiver il n’y avait pratiquement personne sauf le gardien du camping, et un petit établissement café-bar qui fournissait aussi les bouteilles de gaz.
Du fait de la position encaissée de la vallée et la présence d’arbres de grande hauteur à proximité, la réception TV par satellite ne fonctionnait pas sur mon emplacement (signal bloqué). J’ai donc passé plus d’une année sans télévision, mais je ne m’en suis pas plus mal porté 😉 !
Bilan – conclusion
Je n’ai jamais regretté cette décision de déménager dans le Clou, cette première expérience de la vanlife fût très positive pour moi. Je n’ai quitté le camping qu’après avoir démissionné de mon emploi en Allemagne pour rentrer en France, pour raison familiale.
L’aspect le plus positif a été de vivre une vie plus simple, près de la nature. S’endormir avec le murmure de la rivière, se réveiller au chant des oiseaux… L’espace de vie réduit (une dizaine de mètres carré tout au plus) n’a jamais été un problème. Dès que la température était supportable, je passais une grande partie du temps à l’extérieur sous l’auvent. L’hiver – assez rude en Allemagne – a été la période la plus difficile. Je n’ai pas particulièrement souffert de la solitude, seules les températures très basses étaient d’avantage un problème. Heureusement la bonne isolation du Clou et le volume intérieur limité rendaient le chauffage assez rapide et efficace. Je baissais la température en journée la semaine quand j’étais au bureau, ma consommation de gaz est donc restée très raisonnable (1 bouteille de 11kg toutes les 2 semaines au pire). L’été, la position encaissée du camping et l’ombre apportée par les arbres ont fait que je n’ai jamais eu à souffrir de la chaleur (qui peut être un problème lorsqu’un van est constamment en plein soleil).
Cette expérience montre qu’il est possible de travailler à plein temps en CDI tout en habitant son van. Cette option est d’ailleurs très économique d’un point de vue financier, le coût de location d’un emplacement étant généralement inférieur à celui d’un appartement. La sélection de l’emplacement est bien entendu un critère important, autant pour les services proposés que pour sa situation géographique et la tranquillité du voisinage. Mais si celui-ci ne vous plait plus, rien n’empêche d’en changer, c’est l’avantage d’habiter une « maison mobile »! Bien entendu, ce style de vie convient d’avantage à une personne seule. En couple et avec des enfants, la vie dans un espace aussi réduit est plus difficile à gérer sur le long terme.
Si la vie en van vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à télécharger mon guide gratuit « le Manifeste du Freerouleur », disponible ci-contre.